De Lyon en Arles, le Rhône a toujours été un fleuve difficile à naviguer comme à franchir.
Longtemps, des bacs à traille ont laborieusement joué ce rôle, parfois des ponts de bateaux temporaires (Beaucaire, Arles).
Si les Romains avaient réussi à construire un pont à Vienne, effondré depuis 1651, seuls les immenses travaux médiévaux étaient à nouveau parvenus à le franchir, aux XIIIe et XIVe siècles, sous l’impulsion directe des papes en Avignon, à Lyon et à Pont-Saint-Esprit. Seuls les deux premiers offraient encore un passage permanent au début des années 1820, alors qu’Avignon, effondré depuis bien longtemps, était doublé d’un pont en bois gigantesque mais en réparations permanentes…
Le courant nettement plus élevé que pour les autres fleuves européens (on ne le perçoit plus à cause des barrages du XXe siècle), des changements rapides de niveau, la présence d’eaux abondantes même en été avaient découragé les candidats constructeurs depuis près de cinq siècles !
Les premiers ponts suspendus anglo-américains
C’est en Pennsylvanie que le juge Finley construisit le premier prototype de pont suspendu moderne, à Jacob’s Creek, en 1802. Il utilisa pour cela des superstructures maçonnées, des chaînes en fer forgé et un tablier de bois.
Léger et facile à construire, ce pont fit l’objet d’une patente américaine (brevet) en 1808. Une quinzaine de ces ouvrages fut construite autour des années 1810-1815 aux Etats-Unis, d’une portée allant jusqu’à une cinquantaine de mètres.
Toutefois leur fragilité aux oscillations entraîna des accidents et un arrêt prématuré de cette première version du pont suspendu.
C’est en Angleterre qu’elle connut ensuite un développement remarquable, au début des années 1820, notamment par les ouvrages du capitaine Samuel Brown à Union Bridge, à la frontière écossaise, et de l’ingénieur civil Thomas Telford, à Menai Bridge, au nord du Pays-de-Galle.
Le premier de ces ouvrages inspira très directement les projets de Marc Seguin.