Marc SEGUIN

Development of the Rhône Bridge Project (1822-1824)

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La passerelle de la Cance est construite par Marc Seguin, à côté de leur usine drapière, un peu en amont de la ville d’Annonay. Les travaux ont eu lieu au début de l’année 1822, attestés par une lettre officielle du maire en date du 24 mars.
Cet essai très novateur est destiné à soutenir un projet beaucoup plus ambitieux, sur le Rhône, entre Tournon et Tain.
Il a été en partie inspiré par un ouvrage suspendu provisoire, à Schuylkill River, près de Philadelphie (USA). L’entrepreneur exprime sa satisfaction à propos de ce prototype en 1824 : « [Le] petit pont dans ma propriété n’a coûté que 50 francs, il a pourtant 55 pieds de long sur 18 pouces de large ; et depuis plus d’une année il n’a pas exigé la moindre réparation, quoiqu’il ait été visité et éprouvé par plus de dix mille personnes. […].
Il était soutenu par six faisceaux en fil de fer n°8, de huit brins chaque […]. »
Le projet de pont suspendu des Seguin sur le Rhône à Tournon-Tain est établi durant les année1822 et 1823. Il prévoit de franchir le fleuve en deux travées, chacune d’environ 85 mètres. Elles sont soutenues par une pile centrale et deux massifs de culées. Au-dessus, trois portes monumentales supportent les câbles de la suspension, prévue en fil de fer. Les travées sont en bois, portées par des cordes verticales également en fil de fer. Seguin choisit un ratio intermédiaire du rapport de flèche (élévation des suspensions comparée à la longueur), proche de 1/10, ce qui sera un bon compromis comparé aux choix des anglo-saxons.
 

Les essais précurseurs en France et en Suisse (1823-1824)
Après la passerelle de la Cance, un autre essai est réalisé à Chomérac (Ardèche) sur la Peyre par Plagniol, un ingénieur collaborant avec les Seguin pour le projet Tournon. Elle est également achevée dans le cours de l’année 1822, mais elle est rapidement détruite par une tempête. Les décisions administratives, en France, pour accorder à une entreprise privée l’autorisation de construire un pont aussi novateur que celui prévu à Tournon-Tain furent relativement longues à obtenir, de mars 1822 à novembre 1823, et elles impliquent l’accord technique des Ponts et Chaussées, longtemps opposés à l’usage des câbles de fil de fer « parce que les Britanniques ne l’ont jamais fait ! ». Toutefois, les Seguin rencontrent à l’automne 1822 les savants et édiles genevois Pictet et de Candolle. Un projet émerge pour la ville de Genève d’un ouvrage public pour franchir le double fossé des remparts de l’époque. L’affaire est rondement menée : Marc se rend à Genève, fin décembre 1822, et il rend aux édiles genevois une étude complète pour un ouvrage suspendu par des câbles de fil de fer fin. Celui-ci est réalisé dans les six mois qui suivent par l’ingénieur de la ville, Guillaume-Henri Dufour. Ce fut le premier ouvrage public suspendu en Europe continentale. De leur côté, les frères Seguin construisent un pont d’essai à Saint-Vallier, sur la Galaure, un affluent du Rhône où ils testent leurs idées techniques nouvelles. L’ouvrage est achevé à l’été 1824.
Un autre ouvrage d’essai est réalisé à Chomérac par Plagniol, un ingénieur collaborateur des Seguin, dès 1822.