Marc SEGUIN

Seguin’s Innovations on the Tournon-Tain Bridge

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La fondation des piles d’un pont dans le Rhône était un challenge particulièrement difficile à relever en raison de ses courants et de son niveau rapidement variable, même en été. Le choix du pont suspendu ramenait la construction à une seule pile centrale, ce qui limitait en outre la gêne à la navigation. L’une des chances de Seguin dans son entreprise est la présence, à proximité du chantier, des chaux de Monsieur de La Farge (aujourd’hui le groupe Lafarge), au Teil (Ardèche), qui ont la propriété fort rare d’être hydrauliques, c’est-à-dire de permettre à des bétons qui prennent et durcissent sous l’eau. Cet usage était à vrai dire connu de longue date dans la vallée du Rhône, comme un savoir-faire régional. Seguin utilise alors cette propriété à grande échelle, coulant des massifs en béton entre des coffrages immergés. Ils forment la « semelle » des fondations et ils sont entourés de gros blocs de rocher pour limiter les effets d’affouillement du courant.

Le béton armé
Dans la construction de son premier pont rhodanien, Seguin fait face à des difficultés considérables, souvent d’un type nouveau. Avec ses collaborateurs, il est à l’affut de toute idée novatrice pouvant renforcer les qualités de son ouvrage. Pour assurer la stabilité des trois portiques supportant les câbles, dont il redoute la fissuration sous la tension répétée des câbles, il incluet de grandes tiges verticales en fer au sein du béton des « pieds-droits », qu’il cale à leurs extrémités par des pierres scellées. Ces barres métalliques peuvent être sollicitées en traction alors que le béton résiste par ses qualités de compression. Il s’agit très exactement d’un « béton armé », près de 25 ans avant que le premier brevet ne soit déposé sur cette question !
Mais il s’agit là d’un « secret de fabrication » que seules les archives du chantier révèlent, et pas les textes imprimés de l’époque…