Marc SEGUIN

Seguin’s Innovations on the Tournon-Tain Bridge

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L’invention du câble de fil de fer
Parmi les pratiques innovantes du pont de Tournon-Tain, celle des câbles de fil de fer fin retient tout particulièrement l’attention. Seguin la met d’ailleurs largement en avant comme clé de la réussite du pont suspendu dans son livre « Des ponts en fil de fer ». C’est l’une des bases du projet, car l’ingénieur civil français a compris les faiblesses des chaînes forgées anglaises tout comme leur grande difficulté de fabrication dans un pays comme la France de 1820. Utilisant le fil de fer de Franche-Comté, dont c’est l’une des spécialités, il les assemble en faisceaux de nombreux fils parallèles de 3 mm de section. Il divise ainsi le risque de rupture et il bénéficie de leur meilleure résistance comparée aux barres forgées. Il présente cette découverte de résistance des matériaux à l’Académie des sciences en septembre 1823. Ce succès scientifique emporta la décision de concession par les Ponts et Chaussées jusque-là opposés au câble de suspension qu’ils jugeaient comme trop incertain et encore jamais utilisé par les Anglais…

La structure de rigidité du parapet
Si l’idée du câble de fil de fer fin pour les suspensions apparaît dès les origines du projet, d’autres innovations sont progressivement dictées par la réalité des passerelles d’essais sur la Cance à Annonay, puis sur la Galaure à Saint-Vallier : le pont suspendu oscille au passage de ses usagers ! Un problème particulièrement ardu à contrôler et à comprendre physiquement (la résonance mécanique des structures élastiques). Avec l’aide de ses collaborateurs, notamment du maître charpentier Barjot, il imagine progressivement un tablier à structure de rigidité ; et c’est un domaine où l’ingénieur ardéchois fait à nouveaux œuvre de pionnier, à l’échelle internationale.