Nous quittons la plaine agricole inondée de soleil, battue par le vent, par le mistral certains jours, avec son bruit assourdissant, pour entrer dans le silence de la forêt ombragée et mystérieuse. Un silence habité, un silence où nous sommes entourés de présences invisibles qui peuplent les bois : insectes, papillons, oiseaux, animaux, ainsi que des fées, des dryades et des hamadryades (créatures mythiques liées aux arbres).
La forêt ici est très variée. De grands arbres, principalement des pins, mais aussi des mélèzes, des cèdres, des chênes et des peupliers. Plus bas, des arbustes garnis de baies, du lierre, et des plantes au sol, offrant autant de cachettes pour les animaux et de garde-manger. Écoutons et observons cette diversité animale et végétale. L’atmosphère reste fraîche à proximité de la rivière, et le sol est profond, permettant aux arbres de grandir facilement et d’atteindre 20 mètres de hauteur, comparé aux 4 ou 5 mètres des bois méditerranéens traversés précédemment.
La diversité des espèces adaptées à ce milieu est bien plus grande, contrastant avec la prépondérance des chênes verts ou blancs sur le plateau méditerranéen ou des peupliers le long du Lez. Certains arbres ont été plantés, d’autres sont arrivés avec la propagation des graines par le vent ou les oiseaux, chacun trouvant sa place dans ce vaste écosystème. L’homme y est invité, tout comme les autres espèces vivantes, à y prendre sa place et à assurer la pérennité de ces bois. Il s’y déplace, s’imprègne de ce qu’il voit ou devine des sons et des odeurs, cueille des baies, prend appui sur un arbre ou une souche, touche les écorces, ses cinq sens aux aguets.
Il prélève du bois de chauffage, parfois de charpente, cueille du houx ou du gui, des champignons. Les animaux y font leur nid ou leur tanière, prélèvent des branches ou des brindilles, des baies dans le lierre ou les ronces. On est dans un lieu de vie, au-delà de ce qu’on perçoit au premier coup d’œil. On est dans un lieu évolutif : des arbres tombent, laissant la lumière atteindre le sol, permettant à d’autres arbres de germer et de pousser, qu’ils soient de la même espèce ou d’espèces plus adaptées au moment.
Les arbres vivent longtemps, plusieurs dizaines d’années, souvent plus d’un siècle, et l’évolution des espèces au même endroit permet à la forêt de perdurer. Les espèces résistantes à la sécheresse prendront sûrement plus d’espace demain, tandis que les autres demeureront dans des zones plus humides.